La lettre a été publiée dans La Presse Plus, le 17 janvier 2019.

Ah, l’hiver ! Pour de nombreux Canadiens, la saison serait sûrement synonyme d’hibernation sans la contribution exceptionnelle des arts – et de la culture en général – pendant la saison froide. À quelques jours de l’ouverture de nombreux événements à travers le Canada, dont l’Igloofest à Montréal, le PuSh à Vancouver et Contact ontarois, pour n’en citer que quelques-uns, et alors qu’à l’intérieur (tout chaud et douillet !), toutes sortes de spectacles se déroulent au rythme de 3 500 par semaine, les associations signataires souhaitent souligner l’importance des diffuseurs des arts de la scène et réitérer l’urgence de leur apporter un soutien accru.

Qu’ils soient pluridisciplinaires ou spécialisés, sous forme de festival ou de spectacle en salle, les diffuseurs de spectacles sont des acteurs incontournables de l’écosystème culturel. Ce sont eux qui, en collaboration avec les créateurs et les producteurs, mettent en place des programmes attractifs. En fait, en reconnaissance de leur rôle essentiel, environ 600 diffuseurs sont soutenus par le gouvernement canadien, principalement par le biais du Fonds du Canada pour la présentation des arts (FCPA), un outil essentiel sans lequel beaucoup d’entre eux ne pourraient pas survivre.

Malgré le fait qu’ils soient souvent fragiles ou en situation financière précaire, les diffuseurs restent de grands créateurs de richesse, générant des revenus au guichet et dans une multitude d’autres secteurs. Tout autour d’eux, dans des centaines de communautés à travers le Canada, les restaurants et les hôtels, par exemple, bénéficient des dépenses des visiteurs locaux ainsi que des touristes internationaux qui dépensent de l’argent “nouveau” ici, comme cela a été prouvé à maintes reprises.

Alors que son mandat touche à sa fin, le gouvernement du Canada a clairement compris l’importance des arts et de la culture en doublant le budget du Conseil des Arts du Canada. Il a également travaillé sans relâche pour accroître sa portée internationale, en mettant en œuvre la Stratégie créative d’exportation du Canada. L’ensemble de la communauté culturelle est reconnaissante au gouvernement pour cela. Cela étant dit, dans la chaîne des spectacles – qui comprend la création, la production et la présentation nationale – le dernier maillon a été oublié et reste à ce jour, malheureusement, le plus faible.

On estime que le CAPF, avec un fonds annuel d’environ 30 millions de dollars, affiche une baisse de plus de 13 % par rapport à son niveau initial en 2003-2004. Curieusement, cette enveloppe budgétaire n’a pas été augmentée – ni même indexée – depuis plus de 10 ans, alors même que le nombre de présentateurs a considérablement augmenté.

En prévision du prochain budget fédéral, les associations signataires ont fait de nombreuses représentations, notamment auprès de Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, et de Bill Morneau, ministre des Finances. Dans leurs campagnes respectives, les associations ont fait valoir leurs propres demandes, mais ont également présenté un front commun sur une demande : Elles estiment qu’il est temps de doubler le budget du CAPF, comme cela a été fait avec le Conseil des Arts du Canada.

Au-delà de leur adhésion, les associations signataires ont reçu un soutien important, à commencer par celui du Comité permanent des finances de la Chambre des communes qui, dans ses consultations pré-budgétaires, a demandé au gouvernement d’augmenter son financement pour le FCPA “afin de favoriser un marché intérieur fort qui servira de tremplin pour les productions canadiennes des arts de la scène sur les marchés internationaux”. Un autre groupe s’est joint à cette demande, composé de plus d’une douzaine de députés qui ont soutenu individuellement la demande, ainsi que de maires et de diverses associations partenaires. Ensemble, nous invitons le gouvernement du Canada à profiter de l’occasion que lui offre le prochain budget pour reconnaître l’importance des diffuseurs des arts de la scène et leur fournir un soutien adéquat afin que, par leur entremise, le public puisse continuer à rencontrer les créateurs et assurer la vitalité du secteur culturel dans tout le pays.

Cette lettre est signée par un collectif :

Frédéric Julien et Kate Cornell, coprésidents, Coalition canadienne des arts

Martin Roy, directeur général, Festivals et événements majeurs Canada (FAME) et Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI)
Marie-Christine Morin, directrice générale, Fédération culturelle canadienne-française
Sue Urquhart, directrice générale, Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA)
Julie-Anne Richard, directrice générale, Association professionnelle des diffuseurs de spectacles (RIDEAU)

Le ministre du Patrimoine canadien, l’honorable Pablo Rodriguez, a publié une réponse ouverte le 21 janvier 2019, également dans La Presse Plus.